Pisseleux 6fev1944 10:41AM
Par une matinée grise, un bombardier américain crêve les nuages au dessus d'un village et tombe en morceaux dans les rues: une tragédie et un double miracle vont unir le village et les Etats Unis de générations en générations.

Pisseleux 2014 Contact Pisseleux 2014
Les témoins des évènements et ceux qui ont fait vivre ce lien d'amitié franco-américain
Extraits traduits du livre de Pete Flores évoquant les souvenirs de Joe Pino après la guerre.
Pete Flores racontant le lien entre les USA et le Mexique dans leur culture locale.

Ile de Gordova: 1942.

Des nuances de couleurs transformèrent les environs. Des grappes de nuages d'allure orangée traînaient au dessus des montagnes dans le lointain horizon alors que le soleil s'installait pour la nuit. Joe Pino était assis paresseusement, les pieds pendouillant dans l'eau sale du fossé d'irrigation, séparant les Etats Unis du Mexique. Tandis qu'il parcourt du regard la vallée en dessous dans une zone nommée Ile de Gordova, il contemples son futur.

L'Ile de Gordova, comme on l'a nommait à l'époque, fut créee par un défaut dans le lit du fleuve Rio Grande servant de frontière entre la ville de El Paso et le Mexique. En 1895, elle a changé le cours du fleuve en le déplaçant plus bas vers le Mexique et s'en servant comme frontière internationale officielle. Le fleuve a laissé derrière lui et au nord une partie de terre disputée tandis qu'il se frayait un chemin sinueux vers le Golfe du Mexique. Jusqu'à 1960, ni les Etats Unis ni le Mexique n'ont revendiqué le moindre titre sur cette terre.

Quatre cent trente sept demi hectares de verte et fertile terre entourée de fossés d'irrigation larges de deux mètres ressemblaient à une mer verte avec un ruban marron autour de son centre. La nature paisible et tranquille de l'endroit était une chose de toute beauté, mais la beauté tranquille de cette image silencieuse le jour laissait place la nuit à un environnement bien plus agité, car l'endroit pendant la prohibition était un paradis pour les contrebandiers, abondait de contrebande illégale au coucher du soleil avant la nuit.

Le Park Memorial National de Chamizal est aujourd'hui le symbole de la paix et de la compréhension mutuelle entre ces deux nations. La nature de son environnement reflette le joie d'innombrables personnes qui ont apprécié sa beauté. C'est un souvenir des liens solides entre deux cultures qui se balancent dans le vent comme une corde aux deux extrémités relâchées. En 1963, les présidents des deux nations, Mexique et Etats Unis, décidèrent ensemble de resserrer ces liens distandus et de créer, au nom de l'humanité, une amitié durable qui jusqu'à aujourd'hui tient les deux nations dans un état de paix et d'harmonie.

A moins de cent mètres de notre maison, un cottonier géant se tenait majestueusement de toute sa hauteur, marquant la fin de El Paso vers le sud. De sa base et aussi loin qu'on pouvait voir, la vallée était couverte d'une couche de végétation luxuriante qui incluait des baies sauvages, des buissons de mesquite, des pommiers et poiriers, du maïs et de belles vignes. Aujourd'hui, avec l'avancée du progrès et après le Traité dde Chamizal avec le Mexique, une partie de cette terre fut divisée par les deux nations quand ils se sont mis d'accord pour redessiner la frontière internationale. Cet endroit était notre terrain de jeu puisque nous jouions avec un pied au Mexique et un aux Etats Unis.

Peu d'entre nous se souviennent du début de ce bout de terre fertile, une terre n'appartenant à personne qui a laissé sa marque en tant que point de départ pendant la prohibition puisque des centaines d'hommes se frayaient péniblement un chemin à travers les buissons, chargés de gallons de whisky, sur le chemin qui les menait au marché des Etats Unis. It était difficile de se faire une idée de l'implication de tant d'entreprises de contrebande. L'appat de gain massif a poussé plus d'un jeune homme à se faire accrocher par ce système sans réaliser les dangers qu'ils auraient à affronter tôt ou tard. La necessité a joué un grand rôle dans nos jeunes années. C''est là l'environnement de Joe. C'était l'environnement de mes frères. Eux, comme le reste du voisinage, avaient fait l'expérience de ce que peu d'entre nous ne verrons jamais, mais la guerre, aussi dure était elle, a mis fin aux privations de la vie en permettant aux hommes et aux femmes du voisinage de transformer leurs rêves en réalité. Ce n'était pas un rêve d'enfance que nous envisagions pour notre ville du futr, car nous étions heureux comme des rois à l'époque, mais il y avait une certaine détermination à nous projeter dans un lendemain meilleur. Beaucoup de nos amis et voisins ont rejoint l'effort de guerre. Beaucoup sont revenus pour une vie meilleure, d'autres y sont restés.

Aujourd'hui, que je passe par la même route au bout de la rue du quartier où nous sommes nés et furent élevés. Les zones couvertes de ciment et d'asphalte ne peuvent dissimulers les souvenirs des années d'antan. Quelque part autour de l'endroit nos traces de pas sont toujours intégrées dans le sable juste là où nous avions l'habitude de jouer et de travailler à quelques mètres de la frontière menant au Mexique.

GORDOVA ISLAND 1942

Swatches of color transformed the area. Clusters of orange looking clouds lingered over the mountains in the distant horizon as the sun settled in for the night. Joe Pino sat idly with his feet dangling in the dirty water of the irrigation ditch, separating the United States from Mexico. As he scans the valley below in an area called Gordova Island, he contemplâtes his future.

Cordova Island as it was called was created by a flaw in the riverbed of the Rio Grande bordering the city of El Paso to Mexico. In 1895, it changed the course of the river deeper into Mexico as the official International border. The river left a section of disputed land on its north side as it snaked its way to the gulf of Mexico. Until 1960, neither the United States nor Mexico claimed official title to the land.

Four hundred and thirty seven acres of green fertile land bordered by a six foot wide irrigation ditch looked like a sea of green with a brown ribbon around its middle. The peaceful and tranquil nature of the area was a thing of beauty, but the tranquil beauty of the silent image during the day gave way to a more agitated environment at night, for that area during prohibition abundant in illegal smuggling as the sun settled in for the night, was a smugglers paradise.

The Chamizal National Memorial Park stands as symbol of peace and understanding between two nations. The nature of its surroundings reflect the happiness of countless persons who enjoy its beauty. It is a reminder of a solid bond between two cultures that swing in the wind like a rope with two loose ends. In 1963, the president of both nations, Mexico and the United States, decided to tie the loose ends together and create for the sake of mankind, a lasting friendship that to this day holds both nations in harmony and peace.

Less than one hundred yards from our house, a giant cottonwood tree stood majestically tall signifying the end of El Paso to the south. From its base and as far as we could see, the valley was covered by a lush green coating of vegetation that included wild berries, mesquite brush, apple and pear trees, corn and beautiful grape vines. Today, as progress took its course and after the Chamizal Treaty with Mexico, part of that land was divided by both nations as they agreed to reset the international border. That area was our playground as we played with one foot in Mexico and one in the United States.

Few of us remember the beginning of that piece of fertile land, a no mans land that left its mark as a stepping stone during the prohibition era as hundreds of men wearily make their way through the bushes loaded with gallons of illicit whiskey on its way to market in the United States. It was difficult to comprehend the involvement by so many in the smuggling business. The lure of big money prompted many young men to get hooked into its system without realizing the dangers they faced sooner or later. Necessity played a big part in our growing years. This was Joe’s environment. This was my brothers environment. They, like the rest of the neighborhood experienced what few of us will ever envision, but the war, as bad as it was, ended most of life’s shortcomings by allowing the men and women of the area to transform their dreams into reality. It wasn’t a childhood dream what we envisioned our city of the future to be, for we were happy as a lark then, but there was a certain determination to project ourselves into a better tomorrow. Many of our friends and neighbors joined the war effort. Many returned to a better life, others stayed behind.

Today, I pass through the same road at the end of our neighborhood Street where we were born and raised. The cement and asphalt covered area cannot hide memories of yesteryear. Somewhere around that area our footprints are still embedded in the sand right where we used to play and work a few yards from the border into Mexico.