Mr le Maire-Adjoint,
Je m’excuse du retard apporté à mon courrier, mais tout arrive.
Je vous joins une photocopie d’une page de mon journalier où j’avais noté la chute du quadrimoteur, le 6 Février 1944.
Ce jour-là nous avions manœuvre des Sapeurs-Pompiers à 9 heures, premier dimanche du mois. La manœuvre terminée, après avoir fermé le bâtiment des pompiers qui se trouvait à l’époque dans la cour de la Mairie, il était 10 heures 30 et je me souviens que c’était la sortie de la messe.
Je suis retournée en bicyclette chez moi, 74 Rue Demoustiers, en entrant dans la cour (on entendait passer les bombardiers que l’on ne voyait pas) un grand bruit venant de très haut, comme le bruit que fait un gros arbre que l’on abat quand il s’écrase sur le sol – vite, j’ai pris mes jumelles et j’ai regardé alors la direction supposée. J’ai accroché en premier cinq bombes qui allaient en direction de la route de la Ferté Milon, puis un moteur, puis deux points noirs que je supposais être des aviateurs, puis des morceaux d’ailes, étant donné le champ réduit de mes jumelles, je n’ai pas vu le fuselage, car me fixant sur des points visibles je n’ai pas pu « voir » tomber l’ensemble.
Je suis parti aussitôt en bicyclette, au cas où l’intervention des pompiers aurait été utile… Des personnes étaient déjà sur place, les gendarmes arrivaient ainsi que les militaires allemands.
Je me souviens très bien de plusieurs corps d’aviateurs, sur le dos, sans parachutes. L’empreinte de leurs corps bien marquée dans le sol, ceux-là dans le terrain entre le pont de Pisseleux et le passage à niveau de Volkswagen actuellement, d’autres étaient plus près de Pisseleux. Ayant constaté et aussi renseigné qu’il n’y avait aucun risque d’incendie dans la commune, je me préparais à retourner à Villers.
L’Adjudant-Chef ou plutôt Maréchal des Logis Chef Monsieur Haye avait entendu les militaires demander des renforts de gendarmerie (feldgendarmerie), conseillant aux civils qui n’avaient pas d’obligations sur place de quitter les lieux. Le reste je l’ai entendu raconter par des gens de Pisseleux, il doit y avoir de nombreux témoins encore présents qui se sont occupés des victimes.
Mon témoignage n’apporte en fait qu’une précision sur l’heure de la catastrophe.
Restant à votre disposition, je vous prie d’agréer Monsieur le Maire Adjoint l’assurance de mes sentiments distingués. |
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Mr. Deputy-Mayour,
I apologize for my late writing, but everything eventually happens.
Please find enclosed in this mail a photocopy of my diary where I noted the fall of the four-engined aircraft, on February 6th 1944.
On that day we were practicing a drill as Firemen at nine o'clock, first sunday of the month. Once the drill finished, after having closed the firemen building, which was, at the time, to be found in the townhall courtyard, it was half past ten and I remember it was the moment when people went out after attending the mass.
I rode back home, 74 Demoustiers Street, but on entering the yard (as we used to hear bombers without being able to see them) there came a huge noise coming from very high, as the noise that makes a tree when it is being felled and crashes onto the ground. Quickly, I took my binoculars and watched in the alledged direction of the noise. I picked up first five bombs which were heading in the direction of the Ferté Milon road, then an engine, then two dark spots that I thought were airmen, then wing parts, given the narrow field of view of my binoculars, I did not see the airframe, because I was focused on visible points and could not "see" the fall of the whole set.
I rode away on the spot, in case the intervention of firemen would have been useful. Some people were already on the spot, the members of the Gendarmerie (French military police) were arriving as well as german soldiers.
I remember very well seeing many airmen bodies, on their backs, without a parachute. The mark of their body was clearly printed in the ground, those were in the field between the Pisseleux Bridge and the today Volkswaggen factory Railway crossing, some others were closer to Pisseleux. Having noted as well as having made sure there was not fire hazard in the town, I was about to get back to Villers-Cotterêts.
Chief Warrant, or rather Appointed Sergeant Mr. Haye heard soldiers ask for reinforcements from the german Feldgendarmerie, advising civilians who were not supposed to be present to leave the place. The rest I heard it told by people from Pisseleux; there must still be many witnesses who took care of the victims.
My testimony does not, in fact, give any particular precision as to the exact time of the catastrophe.
Being at your disposal for further information, please accept, Mr. Deputy-Mayor, my highest consideration. |
The "bombs" in questions may not have been bombs, due to the distance from which the scene was seen. |
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